Il était là. Le souffle encore un peu court de leur jogging. Son cœur battait légèrement plus vite suite à la dernière pente grimpée. Quelques gouttes de sueur perlaient à son front, tandis que l’une glissait déjà le long de sa tempe. Les écouteurs à ses oreilles retransmettaient une radio locale qui donnait les informations internationales et nationales. Là-bas, on entendait parler d’une créature légendaire. Ici, tel homme aurait entendu parler d’un tel Pokémon, comme dans tel mythe. L’Officier, lui, s’en amusait. Il aimait toujours bien entendre ces quelques histoires farfelues, qui n’avaient que pour preuve la parole d’un homme. Autant dire que, dans une enquête, la qualité de l’information était nulle. Pourtant les journalistes raffolaient encore de ces « enquêtes ».

Cela faisait plusieurs semaines qu’ils n’étaient plus venus en ce lieu. Cela faisait aussi plusieurs semaines que l’Enquêteur n’avait pas eu une journée pour eux, ni même pour lui. Même les jours fériés et les dimanches, on lui avait demandé de faire plusieurs heures supplémentaires, l’empêchant de s’éloigner de la ville. Un dossier important avait retenu le personnel du Bureau mais l’affaire était enfin classée. Pourtant, en ce premier jour d’un bref congé de seulement deux journées, il s’était levé aux aurores, peut-être encore plus tôt que lorsqu’il partait au Bureau. C’était sa petite surprise pour Warrior, le Riolu, qui n’avait pu se défouler que sur lui depuis plusieurs semaines.

Le Riolu était déjà impatient. Il savait qu’aujourd’hui, ce serait sa journée. S’il avait été un peu mou durant la première partie de la course, il avait repris du poil en découvrant le chemin qu’ils empruntaient. C’était celui de la Route 1. Route 1 qu’ils connaissaient bien, pour s’y entraîner régulièrement depuis maintenant plusieurs années. Mais depuis son déménagement à Seattle et sa nouvelle prise de fonction, les deux partenaires n’avaient guère le temps de profiter de ces moments de détente.

Edward faisait exprès de ranger lentement ses écouteurs ou de boire un coup. Il connaissait son partenaire par cœur. Même s’il n’en montrait peu, il trépignait d’impatience, son regard déjà plongé aux alentours. Il se voyait déjà terrasser plusieurs Pokémons en une fois, vaincre et montrer l’étendue de ses capacités. Car quand ils étaient enfermés dans les locaux, War’ s’embêtait et se morfondait. Puis, posant finalement son regard dans celui de son partenaire, un sourire amusé aux lèvres, le Policier lui lança : « Ready, Buddy ? », auquel hocha vigoureusement le Riolu qui, sans plus, s’élançait déjà.

Remettant en place le sac encore bien vide, ne portant que des bouteilles d’eau, des Baies et les quelques Pokéballs, il se mit à marcher à la suite du trop enjoué Warrior. Et, bientôt, ce fut le silence de la Route, à la recherche de ces Pokémons qu’ils aiment tant trouver et combattre. Car si pour certains, la Route est un véritable foyer pour la Capture de Pokémons, d’autres, comme les deux, sont là pour s’entraîner, affrontant un maximum de Pokémon afin que, jamais, la Team Rocket n’aie le dessus sur eux.

Alors, soudainement, sur la droite, juste derrière eux, une branche craque. Derrière, un Pokémon est en approche. Déjà, effectuant un demi-tour sur lui-même, il plonge son regard afin de trouver l’intrus, appelant dans le même temps son compagnon. « Warrior ? »

Il existe ces instants où tu t’arrêtes et tu regardes. Tu attends et tu observes. C’est exactement le moment que vivait à l’instant Edward qui se demandait face à quel Pokémon il se trouvait. Ou plutôt, il se rappelait vaguement en avoir croisé l’un ou l’autre mais cela n’était plus qu’un vague souvenir. D’ailleurs, d’un air ahuri, il posa son regard dans celui de son partenaire, se demandant si, vraiment, des Dresseurs capturaient ce genre de Pokémon. Un Pomdepik. Dans son esprit d’enquêteur, il se promettait de vérifier les Permis délivrés et les Pokémons récemment capturés. Si un Dresseur avait capturé ne serait-ce qu’un Pomdepik, il devrait lui rendre une visite et comprendre les raisons qui l’avaient poussé à cette capture.

Poussant un soupir devant le Pokémon, il appela le Riolu. « Tu sais ce qu’il te reste à faire, non ? » Aussi, sans devoir même énoncer le nom d’une attaque, Warrior s’élança à la suite de ce premier Pomdepik. Le premier d’une longue série à venir. Car, alors que le soleil se levait seulement, les partenaires savaient qu’une journée entière ne suffirait pas pour rattraper le temps.

Et d’une Aurasphère bien placée, le Pomdepik avait été mis K.O. Le Riolu, déjà, sautait de joie, heureux de son fameux coup. Puis, déjà, il reprit son sérieux. Ce n’était que le premier Pokémon qu’ils rencontraient. Il y en aurait encore d’autres. Aussi, Warrior revint vers son Dresseur, frappant d’un High Five bien senti. Un geste de victoire qu’ils avaient instauré il y a maintenant de nombreuses années. Depuis, l’un comme l’autre y tenait. Après chaque entraînement, après chaque course, chaque incarcération, chaque succès. Les partenaires étaient complices et l’un comme l’autre ne pouvait accepter l’absence de l’autre. Cela était arrivé une seule fois, lorsque le jeune homme avait été interviewé pour son entretien d’embauche au sein des Forces de Police Internationale. Le Riolu en avait pleuré, au point que les hommes avaient cédé.

Reprenant leur route, les deux amis observaient les environs. Même hors de leur service, ils gardaient cette habitude de jeter un coup d’œil, de vérifier chaque angle mort. Toujours prêt à aider la personne perdue. Sur cette longue Route, un bruit vint bientôt à les arrêter et les surprendre. Là, dans les buissons qui bougeaient de plus en plus, un Pokémon s’approchait. « War, Ready ? », lâcha-t-il au Riolu qui, directement, s’était placé face à son Dresseur, déterminé à affronter l’adversaire qui approchait.